Se réapproprier la sécurité sociale et la production des soins

Urgences saturées, hôpital public au bord du gouffre, déserts médicaux de plus en plus nombreux, les besoins de santé de la population ne sont pas satisfaits et la situation se dégrade.

Plus de 60 organisations ont mené une campagne dynamique (Tour de France pour la Santé) depuis septembre 2023 pour dénoncer le manque de moyens de notre système de santé en rejetant le PLFSS, projet de loi de finance de la sécurité sociale. Ces organisations pointent aussi les grandes entreprises qui bénéficient chaque année d’exonérations de cotisations sociales (73 milliards en 2021 dont 2,3 milliards d’euros non compensés par l’État à la sécurité sociale).

La loi de finance sera malgré tout adoptée par un vingtième 49-3 début décembre 2023 par un gouvernement qui peine à trouver des majorités pour voter ses projets de régression contre l’avis d’une majorité de soignant·e·s, de patient·e·s, d’organisations associatives, syndicales, politiques. L’écart entre la représentation politique, les choix des décideurs et ceux des principaux concernés, soignant·e·s et soigné·e·s, se creuse comme sur d’autres sujets comme celui des retraites et comme un puits sans fond, mettant ainsi en danger notre système de santé fondé sur le principe chacun cotise en fonction de ses moyens et reçoit en fonction de ses besoins.

Les luttes pour préserver, développer un service public de la santé sont nombreuses et vont se poursuivre et porter des revendications. Comme pour d’autres luttes, que faire pour qu’elles deviennent victorieuses ?

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la création, dans un pays dévasté, de la sécurité sociale gérée par les assuré.e.s avait permis de faire face aux besoins de santé, en favorisant l’accès de toutes et tous aux soins, en développant les CHU.

La sécurité sociale gère dés sa naissance l’équivalent de la moitié du budget de l’état, et ensuite plus que ce dernier. C’est une situation insupportable pour la bourgeoisie qui s’acharnera contre cette gestion de la production de soins se situant en dehors des contraintes de l’état et du capital. Jusqu’à la situation actuelle où de loi en loi, d’ordonnances en ordonnances et de luttes en luttes perdues, c’est le gouvernement qui propose une loi de finance de la Sécurité Sociale, répondant aux exigences des forces du capital. Pour préserver les marges et les dividendes, il faut diminuer les cotisations sociales, pressuriser les soignant.e.s et dissuader les patient.e.s de consulter, voire supprimer l’Aide Médicale d’État comme dans la récente loi de l’immigration. Il faut aussi permettre aux cliniques privées et à l’industrie pharmaceutique de faire leurs formidables profits.

Muscler le rapport de force et rendre victorieuses les luttes pour la santé, ne nécessite-t-il pas de s’attaquer aux racines du problème ?

S’en prendre aux dividendes et à la domination des actionnaires du CAC40 est une question d’actualité, voire même le verrou de la situation. Elle commence déjà à être posée dans les luttes, des initiatives pour se dégager des logiques capitalistes émergent comme la relocalisation de production de médicaments par des pharmaciens eux mêmes, ou comme la levée des brevets pour des médicaments et vaccins et de fait montre qu’il ne s’agit pas là d’une seule utopie.

Sylvie Larue

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