La plage à tous

Avec les mêmes mots, distrait, j’allais écrire « Tous à la plage ». C’est bien aussi. Mais ce n’est pas la même chose., « La plage à tous » c’est une question de besoins ; cela répond à un besoin. « Tous à la plage ! » pose la question des moyens. Les communistes disent que la plage est à tous. Les marchands de sable disent « Tous à la plage ». Après leur intervention quand nous étions tout-petits, ils continuent de chercher à nous anesthésier en tentant de nous créer des besoins… de consommation. Notons qu’ils se trouvent là dans une bien belle contradiction : imaginez qu’on les prenne au mot et qu’on se mette à réclamer une réduction du temps de travail… pour aller à la plage.

Mais, passons. Le sort des marchands de sable (ou d’autre chose) n’est pas vraiment notre affaire.

Chaque année, vers juin-juillet, le Secours Populaire active sa campagne annuelle sur le fait que de trop nombreux enfants ne partent pas en vacances. Sont-ils, ces enfants, ces familles, inconscients du besoin pour chacun d’aller respirer un autre air de temps en temps, de changer « d’atmosphèèère ».comme disait…

Alors, le Secours Populaire n’y est pour rien, mais les marchands de sable font les sympas. Ils nous disent « Tous à la plage ! ». Ils nous informent de notre besoin… Et ceux qui, à la rentrée de septembre n’auront pas la moindre trace de soleil, le moindre nez pelé pour rejoindre la cour d’école dans la bonne humeur., c’est vraiment qu’ils sont bouchés. « On » leur avait dit… On leur avait dit, oui… mais, peut-être pas tout dit.

Est-ce que, par exemple, avant le Front Populaire du siècle dernier, on leur avait dit que ce serait bien qu’ils aillent à la mer de temps en temps ? Non. Et puis, voilà qu’ils se mettent en grève (notamment pour la réduction du temps de travail, tiens !). Et puis, toc ! ils achètent un tandem (avec leur augmentation de salaire) ou ils prennent un train de plaisir, direction Le Tréport « pour faire ça en douce » ailleurs que derrière les fortifications.

Mais ce n’est pas qu’une question de moyens. Pourrait-on dire qu’il est parfois difficile de déterminer de quels besoins nous avons… besoin ?

Pour rester dans cette histoire de la plage, une de mes filles a eu la chance de suivre toute sa scolarité en pédagogie Freinet. Ce qui veut dire, entre autres, qu’elle avait, que sa classe avait des CORREPONDANTS. Vous savez ?… des gens d’ailleurs qui ne vivent pas comme nous, qui ne mangent pas comme nous (ça c’est dur quelques fois). Eh bien ils venaient nous voir, on allait les voir, à la mer, à la montagne, à la ferme même

 Et ma fille a su, dès sa plus tendre enfance, qu’une vache ce n’est pas un steack rouge qu’on retourne dans la poêle pour que ça ne soit plus rouge. « Ça a 4 pattes, ça fait « Meuh ! » et ça fait des gros cacas comme ça »… avait-elle expliqué à ses copines et copains. Et pas sûr, donc que ceux-ci avaient la connaissance de leurs besoins dont pourtant, ils avaient besoin. Mais un gentil marchand de sable viendra bien leur expliquer…

Ah ! si toutes les écoles de la République avaient les moyens, si toutes les associations dédiées aux loisirs et à la jeunesse ne voyaient pas leurs subventions fondre à mesure que la gauche recule et que la droite avance… Ça a été du déjà là. Il faudrait que ça le redevienne.

Ah ! oui. Mais ça, c’est demain.

André Pacco

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